Au seuil de l’année nouvelle, nous avons demandé à Louis
Renaudin, cofondateur d’Oremus, de répondre à quelques
questions concernant les mesures généreuses prises l’été dernier
par notre Pape Benoît XVI à travers le Motu Proprio «
Summorum Pontificum ».
1 – En cette période de vœux, quels pourraient être les
vôtres ?
Au risque de sembler peu original, les vœux que nous formulons
sont ceux que nous formulons depuis vingt ans, et même plus…
Nous formons le vœu que l’année 2008 se traduise dans la réalité
de nos diocèses par la fin de l’apartheid liturgique. Puisse
cette nouvelle année être celle où nous verrons enfin nos
évêques nous aimer tels que nous sommes avec nos pauvretés et
nos défauts et non pas tels qu’ils aimeraient que nous soyons.
Puisse cette nouvelle année être celle où l’autorité accordera
enfin aux fidèles très nombreux qui le désirent, la possibilité
de vivre leur foi catholique, en pleine communion avec l’Eglise,
au rythme de la liturgie traditionnelle appelée aujourd’hui
surnaturellement « forme extraordinaire du rite latin ». Enfin,
puisse cette nouvelle année sceller définitivement la fin de
l’aveuglement liturgique de l’épiscopat français. Les saintes
paroles du Pape ont confirmé que ce que nous demandons avec
insistance est parfaitement légitime. Nous formons donc ces vœux
avec plus d’intensité et d’espérance encore pour que les faits
emboîtent le pas aux paroles et aux textes.
2 – En quoi le Motu Proprio change-t-il la situation ?
En théorie, le Motu Proprio du 7 juillet 2007 change tout
! Non, la messe de saint Pie V n’est pas « interdite », elle
n’est pas « intégriste », elle n’est pas « marginale », elle
n’est pas « obsolète », elle n’est pas non plus « seulement
tolérée » le temps d’une « parenthèse miséricordieuse » pour
quelques vieillards séniles… La messe de saint Pie V n’a jamais
été abrogée ou interdite. Ce rappel a des conséquences
considérables car la ségrégation religieuse dont font l’objet
les fidèles attachés à la liturgie traditionnelle de l’Eglise, a
longtemps été justifiée par ces contrevérités aujourd’hui
balayées par le Saint-Père lui-même. Le Motu Proprio
change tout en théorie puisque le simple fidèle se voit, en
principe, accorder la possibilité d’accéder à la nourriture
spirituelle et liturgique qu’il implore… Dans la pratique, les
choses changent lentement, trop lentement à notre gré, mais
elles changent, et elles vont finir par changer en profondeur,
mais il faudra du temps…
3 – Pourquoi cette lenteur face aux suggestions généreuse du
Saint-Père ?
D’abord, les suggestions du Saint-Père ne vont sans doute pas
tarder à être précisées, et donc renforcées. Le gallicanisme
explique probablement une part de la première réception du
Motu Proprio, qu’on pourrait dire instinctive, par une
partie du clergé de France. Le « qu’en dira-t-on » et le respect
humain sont aussi des pistes de réflexion (comment célébrer une
liturgie longtemps considérée interdite à des fidèles qu’on a
traînés dans la boue et injustement calomniés pendant plusieurs
décennies dans les plus hautes sphères de l’Eglise de France ?).
En fait une partie du clergé français – pas toute heureusement –
semble atteinte, comme nous tous probablement, du complexe
d’Astérix : « il est le plus fort », « le plus intelligent », «
le plus lucide » et, si vous me le permettez, ceci sans parler
du peu de cas que fait ce personnage bien sympathique de bande
dessinée de tout ce qui vient de Rome... Dans ces circonstances,
le clergé français n’accepte pas de voir la réalité telle
qu’elle est, surtout si celle-ci est éloignée ou contraire à ses
schémas mentaux ou idéologiques.
Pour cette partie – la plus âgée, d’ailleurs – du clergé
français, la situation est finalement assez simple : Les fidèles
attachés à la liturgie traditionnelle de l’Eglise n’existent pas
! Mais pourquoi donc le Pape a-t-il eu cette idée saugrenue
d’aller légiférer sur quelque chose qui n’intéresse ni ne
concerne personne ?
Pour ce clergé français là, qui ne sera pas toujours
majoritaire, il n’y a pas de problème liturgique. Les propos
tenus par Monseigneur le Gall, archevêque de Toulouse, Président
de la Commission de l’épiscopat pour la liturgie et la pastorale
sacramentelle, dans les colonnes de La Croix, le 13
octobre 2006, sont révélateurs de cet aveuglement : « Je
pense que notre pays, plus que d’autres, a trouvé un équilibre
en la matière » (ndlr : en matière liturgique). Auto
satisfecit facile mais illusoire…
Il y a de nombreux autres exemples de cet aveuglement épiscopal.
Le cas le plus caricatural est probablement celui de Monseigneur
Daucourt qui plus de cinq ans et demi après son arrivée sur le
siège de Nanterre n’a toujours pas accepté de dialoguer avec les
familles de son diocèse attachées à la liturgie traditionnelle
de l’Eglise malgré des centaines de demandes… Pourquoi dialoguer
avec des personnes qui n’existent pas se demande-t-il
certainement.
4 – Mais alors comment s’en sortir ?
La prière, le courage des fidèles, la volonté du pape, le
renouvellement des générations cléricales, et le temps finiront
par venir à bout des blocages opposés par les vieux
apparatchiks. Il ne faut pas se voiler la face, cela sera long
et difficile car il n’y a pire aveugle que celui qui ne veut pas
voir : Des milliers de jeunes pérégrinent sur les routes de
Chartres lors des pèlerinages de Pentecôte ? Certains n’y voient
que des jeunes « naïfs et manipulés ». Des centaines de
vocations sacerdotales et religieuses dans les séminaires,
abbayes et couvents traditionnels depuis quarante ans ? Les
mêmes nous répondront qu’il ne s’agit pas là de vocations
sérieuses ou que ces prêtres n’ont pas leur place dans l’Eglise
d’aujourd’hui. Deux sondages officiels établis par des
organismes professionnels et indépendants confirment sans
équivoque qu’au moins 15% des catholiques français –
c''est-à-dire plus de 4 millions d’âmes – assisteraient
volontiers à la célébration régulière de la liturgie
traditionnelle, « on » répond aussi vite que ces personnes ne
comprennent rien et ne désirent en réalité rien d’autre qu’une
application encore plus intense des excès liturgiques, avec
seulement un léger saupoudrage de latin… Mais toutes les
semaines, nous apprenons qu’une messe de saint Pie V va être
dite désormais ici, une autre là, une autre encore ailleurs.
C’est apparemment peu, mais les choses bougent. Soyons fermes et
patients, patients et fermes.
5 – Que proposez-vous ?
Rien ne se fera sans la bienveillance et l’accord des évêques
qui sont les Pères des fidèles et comme le rappelle la lettre du
Pape aux évêques qui accompagne le Motu Proprio les «
modérateurs » de la liturgie dans leurs propres diocèses. Rien ne
se fera sans amour. Aussi, bien que nous soyons en 2008, il est
urgent que nos pasteurs commencent à appliquer au plus vite les
directives que Jean Paul II leur avait recommandé de suivre en
1988 avec la publication du Motu Proprio Ecclesia Dei.
6 – Qu’est-ce à Dire ?
Le Motu Proprio Summorum Pontificum du 7 juillet 2007 a
une grande valeur morale. Il rend justice à ces prêtres et à ces
fidèles persécutés par la hiérarchie de l’Eglise de France au
prétexte de leur attachement liturgique. En pratique, les choses
sont moins nettes. Ce texte offre certes la liberté aux curés de
célébrer la messe traditionnelle de l’Eglise sans autorisation
spéciale préalable… Mais cette liberté n''est – pour l’heure –
pas assez utilisée en pratique puisque les évêques et leurs
conseils n’y sont généralement pas favorables pour les raisons
indiquées ci-dessus. Nous sommes donc dans une situation encore
difficile et les possibilités à court terme restent
insuffisantes pour des prêtres respectueux de leur hiérarchie et
des fidèles qui ne veulent pas partir en croisades contre leurs
pasteurs… On peut le comprendre, bien qu’après tout le pape
soit, en bonne doctrine, le Pasteur suprême. Cependant, il est
vrai que seule des décisions courageuses, honnêtes et
bienveillantes de nos évêques d’accorder d’une manière large et
généreuse la liturgie traditionnelle pourra rétablir la
concorde.
7 – Que devraient faire nos évêques ?
Ils devraient faire ce qu’ils auraient dû faire depuis 20 ans :
ils devraient chercher loyalement à connaître les familles de
leurs diocèses qui souhaitent de telles célébrations et mesurer
la demande plutôt que de la minorer ou de l’ignorer. S’ils ne
veulent ou ne peuvent agir ainsi, il leur reste d’autres
solutions simples et sages. Par exemple, mettre en place, dans
trois ou quatre églises de leur diocèse, des célébrations de
messes traditionnelles pour une année, et faire ensuite un vrai
bilan de la situation, pourrait permettre de montrer là où les
besoins sont réels et là où ils le seraient moins. Une telle
politique exige de la loyauté et de la concertation dans un
esprit de charité.
8 – Comment choisir ces lieux ?
La réponse est de bon sens. Il faut que les fidèles concernés –
dont beaucoup de familles nombreuses avec de jeunes enfants –
puissent participer à la célébration de la forme extraordinaire
du rite romain sans avoir à parcourir de trop longues distances.
Il suffit pour cela de reprendre l’esprit des circonscriptions
administratives qui avec ses préfectures et sous-préfectures a
œuvré à créer un maillage cohérent et accessible à tous. Dans
cet esprit accorder des célébrations selon la forme
extraordinaire dans une église convenable, à un horaire
convenable, par un prêtre bien disposé et disponible, dans toutes
les préfectures et sous-préfectures serait un gage de bonne foi
et de grande charité.
9 – Cela suffira-t-il ?
Cela serait déjà un départ extraordinaire ! Maintenant rien
n’empêche les fidèles là où ils sont plus organisés, ou plus
nombreux, de solliciter des célébrations au niveau de chaque
arrondissement pour les grandes villes, ou de chaque grande
commune ou agglomération. Rien n’empêche les fidèles de faire
des demandes au niveau des paroisses là où cela sera possible
comme à Paris ou à Versailles.
10 – Mais n’est-ce pas laisser trop peu de champs aux fidèles
?
Soyons honnêtes, nous savons que les fidèles désireux de
participer à la liturgie traditionnelle de l’Eglise sont très
nombreux mais nous savons aussi que le nombre ne suffit pas.
Pour l’instant, dans une majorité de cas – pas tous, et les
exceptions augmentent chaque jour – le curé a refusé ou dit
qu’il ne sait pas célébrer cette liturgie ou qu’il va réfléchir
ou dit qu’il ne peut pas car il a peur des conséquences ou
trouve toute sorte de prétexte pour botter en touche… Que faire,
quand des curés, acteurs principaux du Motu Proprio, ne
veulent pas ou ne peuvent pas l’appliquer ? Que demander dans
ces circonstances aux fidèles désireux de participer à la
liturgie traditionnelle ? Ce ne sont pas tous des héros ! Ils
sont respectueux de leurs clercs et la plupart du temps, initier
ou persister dans une demande impliquerait nécessairement de se
mettre en conflit avec leurs prêtres et leurs évêques. C’est une
chose, il faut l’avouer, difficile !
Voilà pourquoi nos vœux s’adressent d’abord et surtout à nos
évêques. Nous voudrions qu’ils nous aiment et agissent pour
qu’enfin la situation s’apaise et que tous les catholiques
puissent passer ensemble avec leur particularité et sensibilité
aux choses sérieuses : la nécessaire nouvelle évangélisation du
monde qui nous entoure et notre sanctification.
Louis Renaudin
Cofondateur d''Oremus
ALLELUIA à Rambouillet - Yvelines
Ce dimanche 13 janvier à 9h 30 sera célébrée dans l''église St LUBIN de
Rambouillet une première messe selon la forme extraordinaire du rite
latin. Merci de vous associer par la prière ou votre présence à cette
grande première.
Renseignements : d.vannini@wanadoo.fr
Groupe dans le sud du diocèse de Nanterre
En vue de la constitution d’un groupe stable dans le cadre d’une
demande de messe en semaine selon la forme extraordinaire dans
le doyenné, les fidèles intéressés des villes du sud du diocèse
de Nanterre (Antony / Bourg-la-Reine / Sceaux / Chatenay /
Le-Plessis-Robinson / Clamart / Fontenay-aux-Roses) sont en
train de se regrouper.
Renseignements et adhésions auprès de Gwendaël et Jérôme Poret,
3 rue des Graviers - 92160 Antony
mpsud92@gmail.com
01 41 13 82 41 (répondeur) ou 06 74 90 97 14
Création d''un groupe de fidèle à Mende (Lozère)
Un groupe de fidèles de Mende et de ses environs s''organise en vue de
demander l''application du Motu Proprio Summorum Pontificum dans
le diocèse. Si vous êtes intéressés par cette démarche, vous pouvez
prendre attache avec eux à l''adresse :
francoise.rouffiac@wanadoo.fr.
Un grand merci à monseigneur de Tréguier !
Mgr Fruchaud, évêque de St Brieuc Tréguier, a décidé d’accorder la
célébration de la Messe de St Pie V tous les dimanches et fêtes à partir
du 20 janvier. Celle-ci a lieu à 11h à la Basilique Notre-Dame
d’Espérance à St Brieuc.
Renseignements :
johannessamathieu@hotmail.com
Un appel aux fidèles du diocèse de Carcassonne (Aude)
Un groupe se développe pour obtenir des célébrations selon la forme
extraordinaire dans le diocèse de Carcassonne. Aidons-les !
Renseignement et adhésion : 06.07.60.91.22
http://motuproprio11.free.fr/
Pèlerinage Marial à Notre-Dame des Victoires (Paris)
Le mercredi 16 janvier, pour la fête du Coeur Immaculé de Marie, Refuge
des pécheurs, la paroisse Saint-Eugène-Sainte-Cécile propose un deuxième
pèlerinage marial (faisant suite à celui du 27 novembre à la rue du
Bac).
19h : Départ à pied de l''église Saint-Eugène
19h45 : Arrivée à Notre-Dame des Victoires et chapelet pour la VIE
20h15 : Messe selon le missel du Bx Jean XXIII
Pour en savoir plus, consultez le site de Paix Liturgique :
www.paixliturgique.com